Franciscaine séculière
1788-1856
Zenit ZF06111604
L’Eglise reconnaît le caractère héroïque de la vie et des vertus de la maman de saint Jean Bosco, «Maman Marguerite»: un pas décisif vers la béatification sera la reconnaissance d’un miracle dû à son intercession. La maman de don Jean Bosco est ainsi reconnue par l’Eglise comme «vénérable».
Le cardinal préfet de la congrégation romaine pour les Causes des saints, José A. Saraiva Martins, a lu le décret qui reconnaît le caractère « héroïque» de la vie et des vertus de « Maman Marguerite », ainsi que la renommée de sa sainteté, le 15 novembre2006, en la chapelle de la communauté salésienne du Vatican (ANS, www.sdb.org).
La proclamation a été faite en présence du recteur majeur des Salésiens, le P. Pascual Chávez, du postulateur général de la cause de « Maman Marguerite », du P. Enrico dal Covolo, préfet de la Bibliothèque apostolique vaticane, du P. Raffaele Farina, directeur général de la Typographie vaticane, du P. Elio Torrigiani, et de confrères de la communauté.
Au terme de la lecture, un autre illustre Salésien, le cardinal secrétaire d’Etat, Tarcisio Bertone, a prononcé une brève allocution et il a accordé sa bénédiction.
C’est le 23 octobre dernier que la congrégation pour les Causes des saints, a promulgué ce décret, approuvé par le pape Benoît XVI.
« C’est une journée mémorable pour la Famille salésienne, qui voit Maman Marguerite faire un pas de plus vers les autels. C’est un évènement attendu depuis longtemps par tout le monde salésien, auquel il s’est préparé en réalisant de nombreuses initiatives en l’honneur de la maman de Don Bosco. Nous nous confions à elle pour qu’elle intercède pour toute la Famille salésienne et pour la Congrégation».
La vie de «maman Marguerite» est connue grâce au Père Jean-Baptiste Lemoyne. Il rédigea une brève biographie de «Maman Marguerite» et l’offrit à Don Bosco, le 24 juin 1886, pour sa fête. Celui-ci accueillit ce cadeau avec beaucoup d’émotion. Il y ajouta quelques remarques manuscrites, mais approuva l’ensemble de l’ouvrage.
Marguerite Occhiena est née dans les environs d’Asti, dans le Piémont, dans une famille de paysans qui comptera neuf enfants.
En 1812, elle épousa François Bosco, veuf d’un premier mariage et père d’un jeune garçon prénommé Antoine. Elle avait vingt-quatre ans et lui vingt-neuf. De cette union naquirent deux autres garçons : Joseph et Jean. Après cinq ans de bonheur conjugal, deux ans à peine après la naissance de Jean, François mourut brutalement, victime sans doute d’une congestion pulmonaire.
La jeune femme se retrouva veuve avec trois enfants et une grand-mère infirme à charge. Son seul gagne-pain provenait de quelques lopins de terre et d’un peu de bétail qu’il faudra abattre pour subsister. Or l’Italie, comme les autres pays d’Europe, avait été ravagée par les guerres de Napoléon. La famine s’installait et les premières années de Jean furent marquées par la misère et la disette.
Marguerite fit face avec courage. Elle exploita les terres, secondée par Antoine, l’aîné. Elle fut sollicitée à se remarier par un paysan du voisinage, sérieux et riche. Mais il ne voulait pas d’enfants au foyer : Marguerite refusa de les confier à des tuteurs en disant : «Dieu m’a donné un mari, Dieu me l’a enlevé. À sa mort, François m’a confié ses trois fils. Quelle mère cruelle je serais, si je les abandonnais quand ils ont besoin de moi. Pour tout l’or du monde je ne les abandonnerai pas».
Un jour le curé lui apprend que Jean songe à la vie religieuse, il l’invite à réfléchir : « Marguerite, vous êtes pauvre ! Qui prendra soin de votre vieillesse ? Dans un presbytère, vous serez en sécurité. À tout prix, il faut détourner votre fils de ce projet. Il n’est pas fait pour être moine ». Le lendemain, elle va trouver son fils à Chieri et l’interroge : « Monsieur le Curé est venu me voir. Il m’a dit que tu voulais être religieux. Est-ce vrai ?
– Oui, maman, si tu n’y mets pas d’obstacle.
– Je n’en mettrai pas. Mais il faut réfléchir et examiner le pas important que tu vas faire… Monsieur le Curé se figure que ton choix doit tenir compte de mon avenir, de ma vieillesse. Moi, je fais confiance à Dieu. Je ne désire rien de toi et n’attends rien de toi. Je suis née pauvre, j’ai vécu pauvre, je veux mourir pauvre. Et sur un ton grave : Retiens bien ceci. En te faisant prêtre diocésain, si tu deviens riche, sache le bien, je ne te verrai plus, et ne mettrai plus les pieds dans ta maison ». Merveilleux écho de son cœur franciscain.
Lors de son entrée au Séminaire sa mère le prend à part pour lui confier : « Mon Jean, te voilà revêtu de la soutane. Tu devines ma joie. Mais sache bien: ce n’est pas l’habit qui fait le moine, c’est la vertu. Si jamais tu doutes un jour de la vocation, oh ! je t’en supplie, quitte le séminaire, ne déshonore pas ta soutane. J’aime mieux avoir un fils paysan qu’un fils prêtre qui négligerait ses devoirs ».
Elle aura également, au moment de l’ordination, des paroles que son fils ne devait jamais oublier : « Te voilà prêtre, mon petit Jean. Tu es près du Seigneur. Chaque jour, tu diras la messe. Rappelle-toi bien ceci : commencer à dire la messe, c’est commencer à souffrir. Oh, tu ne t’en apercevras pas tout de suite. Mais plus tard, tu penseras que ta mère avait bien dit. Chaque jour, n’est-ce pas, tu prieras pour moi. Je ne te demande rien d’autre. Va, ne songe à présent qu’au salut des âmes et ne te préoccupe pas de moi ».
Or, Don Bosco tomba gravement malade après quelques années de ministère et d’apostolat auprès des jeunes de Turin. Il dut prendre plusieurs mois de repos. C’est au moment de son retour à Turin qu’il lui dit : « Maman, tu le sais, il me faut revenir à Turin. Mes garçons me réclament. Au Refuge (une pension de jeunes filles, tenue par la marquise de Barolo, dont il avait été aumônier) je n’ai plus d’emploi, et il me faut, dans cette nouvelle maison, une personne de confiance. La ‘casa Pinardi’ a mauvaise réputation. Veux-tu venir avec moi ? »
Comme à son habitude, Marguerite écoute et réfléchit, avant de dire : « Jean, tu le sais, tu le vois, on tient à moi. C’est dur d’abandonner notre maison, ton frère et tous ceux que j’aime. Mais si tu crois que Dieu le veut ainsi, tu peux compter sur moi. Je suis prête à te suivre ».
Le lendemain, ils prirent ensemble la route, à pied et rejoignirent Turin à la nuit tombante. C’était le 3 novembre 1846. Don Bosco avait trente et un an, elle cinquante-huit.
Elle deviendra l’âme de la « maison Pinardi », tour à tour couturière, lingère, cuisinière, catéchiste, éducatrice. Elle sera « maman » Marguerite, toujours présente, affectueuse, patiente et pourtant ferme.
En novembre 1856, elle tomba malade. Son état empira rapidement et le 24 elle rendit son âme à Dieu, toute livrée à sa Volonté.
Recueillons de sa bouche quelques conseils pleins de sagesse surnaturelle qu’elle donnait à ses enfants. Illettrée, elle avait appris Dieu par la grâce de son baptême. « Même quand maman ne vous voit pas, Dieu vous voit mes petits, on ne ment pas à Dieu, Dieu est vérité ». « Le Seigneur est bon. »
La veille de sa première Communion, elle donne à son petit Jean ces conseils « pour devenir un saint » :
Les sept Conseils de Maman Marguerite
- Va souvent communier
- Va souvent te confesser
- Ne cache jamais de faute quand tu te confesses
- Aime beaucoup la Sainte Vierge
- Fuis les mauvais camarades
- Sois toujours joyeux
- Fais toujours bien ce que tu dois faire
Comme d’autres saintes mères et mères de saints telles les mamans de saint Pie X, de sainte Maria Goretti, de sainte Thérèse, ainsi maman Marguerite a vécu humblement et ardemment l’esprit de St François dans l’Ordre Franciscain Séculier appelé alors le Tiers-Ordre.