Bienheureux MARTYRS DES PONTONS DE ROCHEFORT

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18 août 2028    
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religieux-prêtres Ier Ordre

Parmi les 64 prêtres et religieux déportés sur les pontons de Rochefort, sous la Révolution française (1794),béatifiés le 1er octobre 1995, figurent deux Frères mineurs conventuels et trois Frères mineurs capucins.

Louis-Armand Adam, né à Rouen en 1741, entre à l’âge de 18 ans chez les Conventuels de cette ville et y est or-donné prêtre en 1764. Homme de silence et de contemplation, il rayonne de charité envers les pauvres. Ayant refusé tous les serments, il est déporté sur les « Deux-Associés » et meurt le 13 juillet 1794.

Nicolas Savouret, originaire de Haute-Saône (1733), entre tout jeune chez les Franciscains et complète ses études au grand couvent des Cordeliers de Paris. Directeur spirituel recherché, il est pendant 24 ans aumônier des Clarisses de Moulins. Ayant refusé de prêter serment par fidélité à ses vœux, il est déporté sur les « Deux-Associés » et meurt le 16 juillet 1794.

Jean-Baptiste Loir, de Besançon (1720), renonce à une brillante carrière pour entrer en 1740 chez les Capucins de Lyon, sous le nom de Frère Jean-Louis. Ordonné prêtre, il exerce avec fruit le ministère de la confession et de la direction spirituelle dans toutes les classes de la société. Contre son gré, il accepte le service de gardien des deux couvents de Lyon. Enfermé à Moulins en juin 1793, il est condamné à la déportation en mars 1794 pour refus de prêter serment à la constitution civile du clergé. Mort paisiblement, à genoux dans l’entrepont des « Deux-Associés », le 19 mai 1794, il est enterré à l’île d’Aix.

Jean Bourdon, originaire de Sées (1747) prend l’habit religieux à 20 ans au noviciat des Capucins de la province de Normandie sous le nom de Frère Protais. Ordonné prêtre en 1775, il est d’abord gardien de Honfleur, puis secrétaire provincial, chargé de conférences théologiques et spirituelles. Gardien de Sotteville-lès-Rouen en 1790, il tient à persévérer dans la vie religieuse et refuse le serment pour se rendre à la maison commune de Rouen, qui est fermée à Pâques 1792. Arrêté en avril 1793, il est condamné à la déportation en janvier 1794 pour avoir célébré la Messe illégalement et avoir détenu des documents suspects. Embarqué sur les « Deux-Associés », il se signale par la fermeté dans la foi et cherche à soulager ses confrères déportés. Contaminé par le typhus, il meurt le 23 août 1794 et est enterré à l’île Madame.

François François, de Nancy (1749), entre en 1768 au noviciat des Capucins de Lorraine sous le nom de frère Sébastien. Ordonné prêtre, il exerce la charge de confesseur à Sarreguemines, Sarrebourg, Commercy et Dieuze. En 1790, à Épinal, il refuse de quitter la vie religieuse et se rend au couvent de Châtel-sur-Moselle, d’où il est expulsé avec ses confrères en juillet 1791. Retiré à Nancy, il se soumet volontairement en novembre 1793 à la loi qui prévoit la prison et la déportation pour les insermentés exempts d’infirmité. Emmené à Rochefort, il est embarqué sur les « Deux-Associés ». Le 10 août 1794, on le trouve mort à genoux, les mains jointes et les yeux levés au ciel. Il est enterré dans les sables de l’île d’Aix.

Office des lectures

TÉMOIGNAGE DE CLAUDE MASSON, PRÊTRE DÉPORTÉ

Ressembler au Christ dans sa Passion

Nos geôliers nous regardaient comme les rebuts de la nature, qui avaient perdu tout droit aux égards de l’humanité, et que l’on pouvait fouler aux pieds, comme de vils insectes, sans blesser la justice. Dieu le permettait ainsi, pour augmenter le prix de nos souffrances, en nous donnant une plus parfaite ressemblance avec son divin Fils dans sa passion. Rien ne nous consolait dans nos afflictions ; rien ne nous fortifiait dans nos épreuves, comme la pensée de Jésus régnant dans les cieux, et attentif du haut de son trône à nos combats ; lui qui, avant nous et pour nous, avait été garrotté, battu de verges, souffleté, couvert de crachats, couronné d’épines, abreuvé de fiel et de vinaigre, cloué sur une croix, aux pieds de laquelle ses ennemis l’insultaient et le maudissaient.

Cette vue spirituelle de notre Rédempteur faisait couler une douceur ineffable dans nos cœurs : nous n’apercevions alors ce qui nous entourait que comme des motifs d’une joie très solide. Nous nous estimions heureux d’avoir été choisis préférablement à tant d’autres, à la suite de notre divin Maître. Nous considérions que Jésus Christ avait voulu, dans les différents siècles, que chacun des dogmes de la foi fût maintenu en quelque sorte et consolidé dans son Église, par le sang d’un nombre de Martyrs, plus ou moins grand, selon l’importance de la 416vérité combattue ; et nous pensions qu’il était bien honorable pour nous d’être persécutés et sacrifiés pour corroborer l’enseignement de l’autorité spirituelle et indépendante des puissants du siècle, divinement attribuée au Siège apostolique, et en général à tout l’épiscopat.

Quelque temps auparavant, le Seigneur avait manifesté la sainteté d’un de ses serviteurs : le père Sébastien, Capucin d’une maison de Nancy, lequel était venu pour mourir sur une barque. On l’aperçut un matin à genoux, les bras en croix, les yeux levés vers le ciel, la bouche béante. On y fit d’abord peu attention, parce qu’on était habitué à le voir prier ainsi, dans le cours même de sa maladie. Une demi-heure se passe, et on est étonné de le voir persévérer dans une posture si gênante et si difficile à tenir en ce moment, parce que la mer étant un peu houleuse, la barque vacillait beaucoup. On crut d’abord qu’il était en extase, et on s’approcha de lui pour le considérer de près ; mais en tâtant sa figure et ses mains, on s’assura qu’il avait rendu son âme à Dieu en cet état.

On appela les matelots du bord, qui, à ce spectacle, ne purent retenir leurs cris d’admiration et leurs larmes. La foi se réveilla pour un temps dans leurs cœurs : et plusieurs d’entre eux, mettant leurs bras à nu, montrèrent à l’assemblée l’effigie de la croix, tracée sur leur chair avec une pierre à cautère; et ils prirent hautement la résolution de revenir à la religion qu’ils avaient abandonnée…

Il est grand, celui qui donne la vie,
plus grand, celui qui pardonne.
Il est bon, celui qui aime ses amis,
meilleur, celui qui donne sa vie
pour l’homme qui le blesse.
Dieu blessé, Jésus tu nous pardonnes.

R/ Il n’est pas de plus grand amour
que de donner sa vie pour ses amis.

Vous serez mes amis,
si vous faites ma volonté.
Moi, le Maître et Seigneur,
je vous ai donné l’exemple.
Heureux serez-vous, sachant cela,
si vous donnez votre vie.

ORAISON

Seigneur, tu as donné à nos bienheureux frères Jean-Louis, Protais et Sébastien, et à leurs compagnons martyrs, dans l’extrême détresse de la déportation, la grâce de la fidélité et du pardon ; accorde-nous, à leur exemple, de demeurer toujours attachés à ton Église et ardents à nous réconcilier avec nos frères. Par Jésus Christ.

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